Présentation des comptes du premier trimestre 2023 et bilan 2022
Le PDG d’EDF, M. Luc Rémont, a présenté les comptes du 1er trimestre 2023. Pour le personnel, M. Rémont a fait diffuser une vidéo, disponible dans Véol.
2023 – Une amélioration mais beaucoup de travaux à venir
M. Rémont n’a parlé que des recettes, il n’a pas évoqué les dépenses, qui ne figurent d’ailleurs pas dans le communiqué de presse. Le Chiffre d’affaire est effectivement meilleur, de l’ordre de 34% en comparaison du 1er trimestre 2022, mais sa seule mention est inutile en l’absence de données sur les charges.
M. Rémont a eu un discours dont le point central est l’outil de production. Sans aller jusqu’à le soutenir totalement, nous nous satisfaisons d’entendre que le chiffre d’affaire d’une entreprise est généré par son outil de production et son patrimoine. Ce qui était loin d’être le cas du prédécesseur de M. Rémont, plutôt enclin à attendre que ça pousse, sans avoir jamais rien planté.
M Rémont a beaucoup insisté sur les travaux nécessaires pour atteindre un état satisfaisant du parc. Par son insistance, M. Rémont remet totalement en cause la politique industrielle de M. Lévy et de ses lieutenants.
2022 – C’était comment ?
L’année 2022 a été particulièrement difficile pour les comptes d’EDF.
La production a été faible (capacités hydrauliques et corrosion sous contrainte dans le nucléaire), EDF a donc du acheter des grandes quantités d’énergie. Ceci nous aurait affecté sur une année « normale », mais il se trouve que l’année 2022 n’a pas été normale du tout dans le secteur de l’énergie.
La crise énergétique a donc amplifié les pertes pour notre groupe. Oui, EDF a vendu de l’électricité à prix élevés (et le CA s’est envolé), mais l’électricité achetée pour compenser le manque de production, pour fournir les nouveaux clients provenant de concurrents en faillite, et surtout le bouclier énergétique ont largement dépassé les gains.
Le Chiffre d’Affaire est ainsi passé de 84 à 143 Milliards d’€uros (+ 59 Milliards), mais les achats de combustible et d’énergie sont passés simultanément de 44 à 121 Milliards d’euros, soit une hausse de 77 Milliards.
Le résultat net s’est donc effondré : positif en 2021 (4,8 Milliards d’€uros), il est devenu négatif en 2022 (-18,2 Milliards d’€uros)
L’impact du bouclier énergétique et les mensonges du gouvernement
Le point d’orgue de cette Annus Horribilis aura été atteint dès le mois de janvier. A ce moment le gouvernement décide du bouclier énergétique pour sauver, et nos concurrents, et le chiffre d’affaire de Total. Pour limiter la hausse des prix causée par le marché et la règlementation sur l’ARENh, le gouvernement décide de faire cadeau de 16 Milliards d’Euros aux fournisseurs alternatifs (correspondant à la hausse de leur coûts d’approvisionnement hors ARENh).
Ces 16 Milliards ont été répartis par : un volume supplémentaire d’ARENh pour EDF (8 Milliards) et un abaissement de la TIFCE a son minimum légal, soit 1%. Cette dernière mesure a également coûté 8 Milliards d’€uros, mais, cette fois, à l’Etat qui s’est privé de rentrées fiscales.
Pour EDF, ces 8 Milliards ont directement creusé la dette.
Chose amusante :
Le gouvernement aurait pu ne pas faire de bouclier et aurait pu ne pas aggraver la situation d’EDF. En effet, la règlementation de l’ARENh prévoit une possibilité de suspension du dispositif de l’ARENh sous certaines conditions, rappelées ci-dessous.

Le phénomène de corrosion sous contrainte aurait pu, et aurait dû, justifier de la suspension de l’ARENh. Le gouvernement a donc choisi sciemment de léser EDF et de plomber tous les usagers français.
Merci donc à Bruno Le Maire, grand artisan du bouclier dont la pratique et la méthode ne sont pas sans rappeler la très marquante invitation de l’héroïne de son dernier chef d’oeuvre littéraire.