Le PDG, M. Rémont a présenté son projet industriel de la filière nucléaire au Top 300 il y a quelques jours, projet repris dans le Vivre EDF de ce matin.
Ce projet se veut très ambitieux en mobilisant des ressources d’un niveau inégalé pour notre groupe, pour des objectifs très élévés.
En effet, sous l’impulsion du récent vote du plan de relance nucléaire au parlement, EDF doit construire 6 EPR2. Et l’on fait vite : les demandes d’autorisation pour les réacteurs de Penly ont déjà été déposées. (début des travaux préparatoires cette année)
L’ambition du PDG est claire : construire 1 à 2 EPR par an.
Ce qui implique des chantiers simultanées et donc un besoin volumineux de ressources pour la construction. Mais également, la livraison rapide de ces 6 réacteurs (horizon 10/15 ans) implique le recrutement (et la formation) de tous les emplois d’exploitation. M. Rémont estime le volume à 10 000 le nombre de ces emplois, et le nombre d’emploi pour les constructions est estimé à 30 000 par an.
(nous estimons que sur les 10 000 emplois d’exploitation, 25% devraient être statutaires, les autres se répartissant entre emplois prestataires permanents (25%) et emplois prestataires réguliers et ponctuels)
Le calendrier
La rapidité de mise en oeuvre du plan nucléaire en France ne surprend pas. Le parc vieillit, de nombreuses centrales atteignent 40 ans. Et l’ASN a émis un avis il y a quelques semaines sur 5 réacteurs palier 900MW, qui pourraient ne pas être exploités au delà de 50 ans.
La situation est devenu tendue, alors qu’elle était prévisible, à cause de l’inaction de la précédente présidence, doublée des atermoiements du gouvernement Macron 1, partagé entre plafonnement et relance du nucléaire.
Le temps perdu se paye aujourd’hui
Le financement
Là encore, le PDG annonce vouloir consacrer des sommes considérables – 25 Milliards d’€uros par an – alors que l’année 2022 a vu la croissance forte de notre dette (à cause du bouclier énergétique notamment)
C’est peut-être le point qui nous questionne le moins. Le secteur de l’électricité connaît des rentrées d’argent considérables en cette période de prix élevés. Et le gouvernement est prêt à soutenir la filière nucléaire (contrepartie du bouclier énergétique ?). Les sources de fianncement sont d’ailleurs identifiées : l’Etat souhaite se servir des réserves du Livret A (aujourd’hui estimées à plus de 400 Milliards d’€uros).
Les dernières estimations sont, en moyenne, de l’ordre de 8 Milliards d’Euros par réacteur EPR2 neuf.
Les ressources
C’est sur ce point que notre enthousiasme est plus réservé. Comme vu plus haut, la construction simultanée puis les besoins en exploitation de ces centrales, vont nécessiter de mobiliser des ressources que nous n’avons pas, ni en interne EDF, ni dans la filière française.
Il est impossible de penser que la fermeture d’une centrale remplacée par un EPR entrainera le transfert immédiat du personnel concerné.
Aussi il va falloir former et recruter plusieurs milliers d’ouvriers, de techniciens, d’ingénieurs qualifiés, et, comme vu plus haut, dans un temps très court !
Le seule région Normandie estime que la filière va générer 10 000 emplois sur son territoire (Penly, Paluel, Flamanville)
Et les autres branches
Nous espèrons surtout que la filière nucléaire ne va pas siphonner toutes les ressources. L’hydraulique a des besoins de développement dans un contexte juridique instable (concessions toujours en concurrence). Ces développements figurent dans le projet industriel d’EDF Hydro : création de STEP, suréquipements en Loi POPE.
Mais, en plus de ces développements en France, l’Hydro ambitionne de se positionner à l’étranger sur de très nombreux projets de grande taille.
Et, à l’instar du groupe, qui sous l’ère Lévy, à réduit ses effectifs de 10 000 emplois en 6 ans, l’Hydro a dégraissé de plus 800 emplois (5900 à 5100) par l’action de Giraud.
Alors résumons, maintenant, on a des sous. Plein. Mais on n’a plus de bras.